24 août 2006

Gros étron, petit patapon

De retour au bureau, je retrouve vite mes habitudes professionnelles. Notamment mon petit tour quotidien aux toilettes vers 10h du matin. Nos toilettes sont constituées de deux WC individuels, deux lavabos et une rangée de trois pissotières. La force de l’habitude me pousse généralement vers le WC de gauche. La femme de ménage choisit presque toujours le même créneau horaire pour venir nettoyer. Pour mon plus grand malheur j’éprouve une terrible angoisse à l’idée de relâcher mes sphincters lorsqu’elle traîne derrière la porte. Bien qu’habituellement très social, je déteste partager avec d’autres ce moment d’intimité. Il faut savoir que dans mon cas cela relève plus de la phobie psychotique que du simple désagrément. D’ailleurs il m’arrive souvent de me retenir longtemps dans mon bureau en attendant que la femme de ménage libère le terrain, pour que je puisse profiter de ce moment en toute sérénité.

Aujourd’hui la voie est dégagée quand je viens m’enfermer dans les toilettes. Mais lorsque j’ouvre le couvercle je découvre avec stupeur un gigantesque étron gisant au fond de la cuvette. La surprise l’emporte sur le dégoût devant l’immensité de ce vaisseau fécal en perdition. Je tente de tirer la chasse pour faire place nette avant de m’asseoir, mais le système ne fonctionne plus. Je décide de passer dans les toilettes d’à côté, mais alors que je m’apprête à ouvrir la porte j’entends la femme de ménage pénétrer dans les lieux. Horreur ! Je reste paralysé, retenant mon souffle, la main en suspens au dessus de la poignée. Si je sors elle va croire que je suis responsable de cette monstruosité. Que faire ? Ses pas approchent et elle tente d’ouvrir. Voyant que c’est occupé elle décide de commencer à nettoyer les lavabos en attendant que je sorte. Aucune fuite possible. Je suis condamné. La mort dans l’âme, je finis par ouvrir et fuis rapidement en grommelant un vague « bonjour » à peine audible. J’imagine déjà l’instant terrible où elle découvrira l’énorme étron flottant en pensant que j’en suis l’auteur. Honte sur moi jusqu’à la fin des temps.