06 mai 2006

Ca chie au lac Titicaca

Bien qu’il reste au fond de moi un parfum de sensibilite et de decence, une force scatologique superieure annihile toute resistance et me pousse dans les griffes de ce jeu de mots foireux. Malgre sa puerilite evidente, ce titre illustre parfaitement la situation. C’est bien en route vers le lac Titicaca que le vent se met a tourner pour le groupe. Une tentative de rapprochemnt semi-reussie de Florient vers Suzanna change un peu la donne. D’un cote, elle dit non car elle vit avec un mec a Rotterdam, d’un autre cote elle s’endort sur ses genoux pendant le voyage en bus. Totalement deboussele par ces signaux contradictoires, le suisse perd un peu la boule. Il lui arrive de plus en plus souvent de piquer sa petite crise. Un des plus memorables c’est dans un resto a Puno, ou l’ambiance est tres bonne entre les hollandaises et moi. On parle et on rit beaucoup pendant qu’il reste sans rien dire. Alors qu’on aborde un sujet assez croustillant sur un ex d’Anna, il sort tout a coup de sa lethargie et se met a gueuler WHO CARES ?!?! Ca casse un peu l’ambiance. Une autre fois, il pete un cable parce qu’on est pas tous d’accord pour ouvir sa bouteille de vin chilien. Bien qu’habituellement d’un caractere assez calme et stoique, je sors de mes gonds. On s’engueule un peu et ca se tasse assez rapidement. Surtout apres avoir fini la bouteille. Heureusement qu’on rencontre d’autres personnes sur le bateau qui nous mene vers les iles. Ca nous offre un peu d’oxygene. On forme ainsi un groupe tres international, ou l’on compte, en plus de nous, un americain, un allemand, deux tcheques, deux espagnols et une israelienne. L’ambiance est excellente sur ce plus haut lac naviguable du monde, entoure de superbes montagnes enneiges. L’esprit festif se poursuit par une soiree sur la plaza de Armas de l’ile Amantani, avec quelques bieres pour oublier le froid glacial du a l’altitude. Faut savoir que n’importe quel trou paume du Perou contient une plaza de Armas. Ca fait partie des souvenirs de la conquete espagnole.

C’est au retour a Puno que les choses se gatent vraiment. C’est presque l’heure de la separation. Ils doivent pousuivre leurs routes vers Cusco, tandis que moi j’ai prevu de tracer vers La Paz, capitale de la Bolivie. Ca fait plusieurs jours qu’ils tentent de me convaincre de rester avec eux. Je suis tres flatte, mais ma decision est prise. C’est notre derniere soiree. Ils vont se retrouver a trois, et tout le monde sait que ca ne tiendra pas. D’ailleurs ca explose plus tot que prevu. Au moment d’acheter des billets de bus, Florient insiste lourdement pour s’asseoir a cote de Suzanna, alors qu’elle refuse. Anna lui dit fermement que ca n’est pas possible, puis elle lui tourne le dos. Du coup il lui chope le bras et la secoue violemment en hurlant. Ca ne dure que quelques secondes mais c’est suffisant pour laisser des marques qui resteront plusieurs jours sur son bras. Cette fois c’est vraimnt l’explosion du groupe On a le suisse d’un cote du terminal de bus et les deux filles a l’autre bout. Moi je me retrouve au milieu a devoir gerer une situation compliquee. J’eprouve evidemment une nette preference pour les hollandaises, mais je ne dois pas oublier que presque toutes mes affaires sont a l’hotel dans le sac de Florient. Je dois la jouer subtile et faire preuve d’une grande diplomatie. En d’autres termes, on peut egalement parler d’une grande hypocrisie. D’abord je tente de consoler les deux filles qui sont en larmes : Anna qui a ete bousculee, et Suzanna a qui cette violence rappelle un passe douloureux. Ensuite je vais voir Florient pour lui faire accepter mon role d’intermediaire entre les deux camps. Ce grand gaillard se met a flipper a l’idee de poursuivre le voyage tout seul. Il me demande s’il peut venir avec moi en Bolivie. Je refuse. Je comprends dit-il. J’ai devant moi 100kg de detresse avachi sur un banc, les bras ballants. Le lendemain matin, au moment de se dire au revoir, il ne me pardonnera pas d’avoir ete le temoin de son humiliaion. C’est tout juste s’il acceptera la main que je lui tends. Ce type est vraiment une merde.

1 Comments:

Blogger Philou said...

Aie aie caramba, comment mettre du pimiento dans les voyages!

6:51 AM  

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