29 août 2006

Le sage africain

Ce soir on va manger dehors avec quelques amis. Sur le chemin on voit un noir affalé par terre devant la porte d’un immeuble. Il est plutôt bien habillé et sert une sacoche en cuir contre sa poitrine. Ce n’est pas un de ces clodos qui font maintenant partie du paysage urbain. Comme beaucoup, enjamber la misère pour aller s’empiffrer au retau ne nous aurait pas gêné, mais cet homme nous inquiète. Je me penche vers lui et demande si ça va. « Quand tu me parles, je t’écoute » me dit-il, en relevant la tête. Je lui demande s’il a besoin d’aide mais il me répète la même chose. Son regard est clair et il semble en bonne santé alors nous nous en allons. Cette phrase énigmatique digne d’un vieux sage africain nous intrigue tous. Ça me rappelle la légende d’Alexandre le Grand rencontrant Diogène et lui disant «Demande-moi ce que tu veux, tu l'auras.». «Ôte-toi de mon soleil !» répond le sage. Mais ce type n’a rien de Diogène, et moi je suis très loin d’Alexandre le Grand. On choisit un restau Vietnamien devant lequel on doit patienter vingt minutes pour qu’une table se libère. C’est un régal, ça valait le coup d’attendre.